Les pleurs d’un bébé sont souvent source d’inquiétude pour les parents. Pourtant, ils sont bien plus qu’un simple signe de malaise : ils constituent une forme essentielle de communication et jouent un rôle clé dans le développement émotionnel et physiologique de l’enfant.
Voici un article approfondi pour mieux comprendre ce phénomène, et un arbre décisionnel à télécharger en fin d'article
Pourquoi bébé pleure : une nécessité de communication
Expression des besoins
Le bébé qui vient au monde ne peut pas s’exprimer avec des mots, mais son corps dispose d’un outil puissant : les pleurs. Ces derniers lui permettent d’exprimer ses besoins vitaux et relationnels, et de se manifester.
Faim, fatigue, inconfort, douleur ou besoin d’attention : chaque situation peut donner lieu à des pleurs, qui servent à capter l’attention de ses parents ou des personnes qui prennent soin de lui.
Au-delà de l’expression d’un besoin, les pleurs jouent également un rôle dans la création et le renforcement des liens d’attachement entre l’enfant et ses parents. Répondre aux pleurs d’un bébé avec bienveillance lui donne la sécurité affective nécessaire pour se sentir aimé et protégé.
Le rôle physiologique des pleurs : communication et régulation émotionnelle
D’un point de vue physiologique, les pleurs permettent de libérer des tensions et émotions accumulées, par exemple après une journée riche en stimulations, on peut assister à des pleurs de décharge. Ils activent également des mécanismes de régulation émotionnelle.
Pour les nourrissons, pleurer est parfois leur seule façon de relâcher un trop-plein de stress (les larmes contiennent du cortisol). Cela participe à leur maturation neurologique et à l’apprentissage de la gestion des émotions.
En intervenant avec douceur, et en les assurant de leur présence, les parents accompagnent leur bébé dans ce processus et lui permettent de prendre confiance au fur et à mesure.
Les sonorités des pleurs : comment comprendre et décoder les besoins ?
Les pleurs d’un bébé ne sont pas tous identiques. En prêtant attention aux variations sonores, il est possible de mieux comprendre les besoins du bébé : c’est notamment l’objectif du Dunstan Baby Langage, le langage universel des pleurs.
Le Dunstan Baby Langage
Dans les années 2000, Priscilla Dunstan, une Australienne dotée d’une mémoire auditive exceptionnelle, a développé une méthode d’interprétation des pleurs des nouveau-nés, connue sous le nom de Dunstan Baby Language.
Cette méthode repose sur l’idée que tous les bébés, dans les premières semaines de vie, produisent des sons réflexes universels, liés à leurs réflexes et physiologie.
Il existe cinq sons, validés scientifiquement, que les nourrissons utilisent pour exprimer un besoin précis, (on peut presque entendre des “mots”), avant que les pleurs ne deviennent trop forts et confus :
Pleur du rot : le “Eh”, son court, on entend souvent [è-è-è], parfois sans réel pleur, plus dans une gène, avec agitation de la tête, on sent que quelque chose bloque en fond de gorge. Bien souvent, en redressent bébé ou en lui tapotant le dos, le rot sort et le pleur cesse.
Cette approche, couplée à l’intuition parentale, et la connaissance croissante de leur bébé, permet aux parents de comprendre au mieux les différents types de pleurs. Bien sûr, tout n’est pas toujours aussi simple au quotidien, mais cet outil aide à mieux anticiper les besoins de bébé et à intervenir avant que les pleurs ne s’intensifient. Cela permet également de se sentir plus compétent, et plus apaisé puisqu’il y a moins de pleurs.
Les autres pleurs, non identifiés dans le Dunstan Baby Langage :
Pleur de besoin de contact : pleurs plus modérés, l’enfant ne semble pas souffrir, mais plutôt être “triste” ou mécontent/frustré. Ils surviennent lorsque le bébé est "seul", sur son tapis de jeu, un transat, son berceau... et s’apaisent rapidement lorsqu’on prend le bébé dans les bras. Attention ! Ce n’est pas un caprice, mais bien un besoin de contact, de réassurance.
Les réponses parentales : faire au mieux et adapter son comportement
Face aux pleurs, la première étape est d’écouter et d’observer. Comme vu précédemment, les sonorités peuvent aiguiller sur les besoins du tout-petit.
Selon le moment, il sera nécessaire d’identifier et répondre aux besoins immédiats de l’enfant (manger, dormir, avoir une couche propre…)
Si les pleurs persistent, le contact physique, comme les câlins ou le portage, peut offrir une réponse réconfortante et suffisante.
Il est également important d’accepter que certains pleurs ne puissent pas être calmés instantanément. Dans ces moments, la présence et la patience sont essentielles pour apaiser l’enfant.
Le rôle du parent n’est pas de faire taire les pleurs à tout prix, mais d’être présent pour l’enfant, de lui permettre de s’exprimer, de laisser sortir ses émotions, et de lui apporter le réconfort nécessaire.
La succion non nutritive (petit doigt, tétine) peut aider à apaiser le tout-petit, mais ne doit pas être une réponse automatique ou unique.
Enfin, les parents doivent aussi prendre soin d’eux-mêmes (plus facile à dire qu’à faire). Répondre aux pleurs peut être éprouvant, surtout lorsque la fatigue s’accumule. Demander du soutien, avoir du relais ou prendre de courtes pauses permet de préserver son propre bien-être.
Et si les pleurs sont incessants ? Quand faut-il consulter ?
Même si les pleurs sont un mode d’expression normal chez le nourrisson, un bébé n’est pas censé pleurer en continu ou de manière excessive, sans répit. Des pleurs très fréquents, prolongés, ou difficiles à apaiser peuvent être le signe d’un inconfort plus profond, d’un trouble digestif (reflux, allergie, coliques sévères…), d’un stress important ou d’une douleur.
S’il y a le moindre doute, si le comportement du bébé vous interpelle, si votre intuition vous dit que quelque chose ne va pas, il est important de demander de l’aide : consulter un professionnel de santé (pédiatre, sage-femme, puéricultrice…) permet d’écarter une cause médicale et d’obtenir un accompagnement bienveillant.
Parfois, un simple ajustement dans l’alimentation ou les rythmes suffit à apaiser le bébé. Parfois, le bébé souffre de reflux ou d’intolérance alimentaire, et dans ce cas, l’avis médical est primordial. Se faire accompagner, c’est aussi être rassuré en tant que parent.
Pour vous guider, n'hésitez pas à télécharger cet arbre décisionnel pour avoir un outil pratique sous la main :
Conclusion pratique : des clés pour accompagner les pleurs de son bébé
Les pleurs d’un bébé sont une communication essentielle et un processus physiologique important.
En les comprenant mieux, les parents peuvent y répondre avec calme et bienveillance.
Voici quelques conseils simples :
- Écoutez attentivement pour décoder les pleurs.
- Répondez rapidement pour sécuriser l’enfant, il n’y a pas de caprice.
- Variez vos réponses (porter, bercer, parler doucement).
- Acceptez que les pleurs font partie du développement de l’enfant et qu’il n’y a pas toujours de réponse,
- Trouvez du relai pour rester disponible émotionnellement.
Accompagner son bébé dans ses pleurs, c’est lui offrir un environnement sécurisant où il peut grandir en confiance et en sérénité.
Vous avez besoin de faire le point ? Je vous accompagne sur ce sujet et sur le langage des pleurs, retrouvez les accompagnements dans les pages dédiées !
Article rédigé par Pauline Lotte, puéricultrice, consultante parentalité et spécialiste sommeil et alimentation de l'enfant.